samedi 10 mars 2012

Bullhead - Michael R. Roskam

Le cinéma belge est plus largement la Belgique est pour nous une source assurée de dépaysement. Ce film ne déroge pas à la règle même si nous  devons le considérer plus flamand que belge mais qu'importe, il est assurément le premier de l'histoire du cinéma à raconter une histoire maffieuse dans le monde rural. C'est en quelque sorte "Scorcese à la campagne", ici l'objet du trafic n'est pas la cocaïne mais les hormones de croissance inoculées aux bovins. Et comme dans "les affranchis", Jacky Vanmarsenille le personnage principal a la faiblesse d'être aussi un consommateur du produit objet du trafic. 
Nous découvrons l'origine de cette faiblesse dans un flash-back qui nous renvoie à sa jeunesse , et nous révèle un secret qui explique sa nature renfermée et violente...Nous avons alors toutes les clés pour comprendre la complexité de ce personnage qui derrière un physique de molosse cache une véritable fragilité. Sa blessure fait de lui un "monstre", un corps transformé par la prise toujours plus importante de médicaments nous renvoie à la figure mythique du minotaure, il finit par exprimer de plus en plus brutalement sa violence enfouie depuis de longues années.
Lorsque ce passé ressurgit à la figure du héros comme une malédiction, nous basculons dans un monde oppressant où seul un duo improbable de garagistes wallons  vient jouer le rôle de soupape, la folie est en marche, la tragédie suit son cours... 
Film maitrisé de bout en bout, Michael R. Roskam révèle un vrai sens du récit, servi par une interprétation absolument remarquable de Matthias Schoenaerts il signe un vrai film noir, un genre majeur  du cinéma.

Bullhead est une tragédie flamande, un film remarquable!

2 commentaires:

  1. Bon vous savez ce que j'en ai pensé alors je ne vais pas m'attarder sur le sujet mais quand même les Carmadou de là à dire qu'il est remarquable! Notez que la plupart des critiques sont elles aussi dithyrambiques.

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  2. Remarquable, nous maintenons d'autant plus pour un premier film. C'est totalement maitrisé notamment dans l'organisation du récit.
    Ce film aurait pu être très malsain, il ne l'est finalement pas. Parce qu'il ne cherche pas à jouer avec le spectateur, il nous est dit dés le début du film qu'il y a un secret, et nous comprenons très vite que ce secret est la clè de cette histoire.
    Nous avons été vraiment bluffés par ce sens du récit.
    Ce film, après "Incendies" de Denis Villeneuve adapté de la pièce de Wadji Mouawad, semble signer un retour à la tragédie dans son sens le plus classique...
    Nous avons bien lu ici ou là des remarques sur la crédibilité de l'histoire, nous même n'avons pas compris tous les tenants et les aboutissants du trafic, mais en même temps nous en savons toujours plus que ces pauvres flics qui rament totalement.
    Nous avons vu l'histoire de trafic comme un simple prétexte, le MacGuffin de Hitchcock ...

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