mercredi 4 avril 2012

Les adieux à la Reine - Benoit Jacquot

Versailles le 14 Juillet 1789 et les jours suivants. Sidonie Laborde (Lea Seydoux) est la lectrice de la Reine (Diane Kruger), une lectrice dévouée toujours prête pour répondre aux convocations et aux caprices de sa majesté  à qui elle voue une admiration sans limite. La duchesse de Polignac (Virginie Ledoyen) amie favorite de la Reine est particulièrement visée par la colère du peuple qui lui reproche (à juste titre d'ailleurs) d'avoir bénéficié des largesses de son amie, la reine la supplie de se réfugier à l'étranger.  Marie-Antoinette demande à Sidonie Laborde  d'accompagner son amie dans sa fuite en prenant son identité  pour la protéger. Obéissante, la lectrice désabusée fait ses adieux à la reine.

L'intrigue adapté du roman de Chantal Thomas n'est pas bien épaisse, mais elle n'est qu'un prétexte à filmer un régime en déroute, nous nous étendrons pas ici sur la nature de la relation entretenue entre la Reine et sa favorite la Duchesse de Polignac... Roberto Rosselini avait filmé avec distance la prise de pouvoir par Louis XIV, épisode situé à la mort de Mazarin qui marque le début du pouvoir personnel du Roi, apogée de l'absolutisme de droit divin... Benoit Jacquot clôt  ce chapitre de l'histoire de France, filmant ses personnages au plus prêt au moment où le pouvoir se délite  ... Nous les retrouvons bien là ces nobles que Louis XIV voulait garder sous sa coupe, préférant vivre dans l'inconfort de Versailles plutôt que de jouir de leur château en province, juste pour avoir l'honneur de croiser le monarque une à deux fois la semaine... Un monarque délicieusement incarné par Xavier Beauvois, dépassé, peu passionné par son rôle politique mais naïvement persuadé de sa mission d'ordre divin. Dés que la menace se fait sentir, ça se carapate dans tous les coins au château, ne comprenant rien à ce qui se passe, ces hommes et ces femmes coupés du monde paniquent à la lecture d'un tract donnant le classement des têtes à faire tomber, le temps est compté... Marie-Antoinette est insupportable, capricieuse, réclamant un dahlia brodé au moment où l'histoire bascule, se préoccupant de ses bijoux et de ses valises, souhaitant prendre la fuite contre l'avis de son époux pour organiser à distance la répression des foules affamées .
Benoit Jacquot se régale à filmer cette débandade, il est d'une justesse incroyable mais son film va bien au dela de ce simple épisode de l'histoire de la révolution française, nous pouvons y retrouver tous les régimes monarchiques en déroute. Comment ne pas penser notamment à ceux du "printemps arabe"ou à l'épouse de Bachar Al-Assad faisant ses achats luxueux via internet pendant que  les révoltés de Oms sont massacrés, surement sans rien comprendre à la réalité de son pays! 

Nous avons beaucoup aimé ce film qui nous a donné l'occasion de croiser Jacques Nolot (c'est le 21eme sur la liste des têtes à couper) un proche de André Téchiné dont il fut notamment le scénariste de j'embrasse pas. Il est aussi le réalisateur de l’arrière pays, un excellent film devenu invisible...

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