lundi 17 septembre 2012

Revoir Max Ophuls

 Lola de Jacques Demy dont nous venons de voir la version restaurée est dédié à Max Ophuls. Dédicace qui nous a rappelé l'importance du cinéaste français d'origine allemande dans l'histoire du cinéma. Il fut considéré comme un maitre par la bande de la nouvelle vague. Nous avons donc décidé en cette fin d'année de nous lancer dans un "cycle Max Ophuls", revoir ses films français ainsi que ceux qu'il réalisa durant sa période hollywoodienne, peut être aussi l'occasion de relire Stefan Zweig ou d'Arthur Schnitzler qui inspirèrent le cinéaste...

A sa mort, François Truffaut écrivit un long hommage, que nous retrouvons dans "les films de ma vie" l'indispensable recueil du jeune critique des cahiers du cinéma. Nous en citons trois courts passages:


Il n'était pas le virtuose, l’esthète, le cinéaste décoratif qu'on disait: ce n'est pas pour "faire bien" qu'il cumulait dix ou onze plans en un seul mouvement d'appareil qui traversait tout le décor et ce n'est pas pour épater autrui que sa caméra courait dans les escaliers, le long des façades, sur un quai de gare, à travers les buissons. Max Ophuls, comme son ami Jean Renoir, sacrifiait toujours la technique au jeu de l'acteur; Ophuls avait remarqué qu'un acteur est forcement bon, forcément antithéâtral, lorsqu'il est astreint à un effort physique: monter des escaliers, courir dans la campagne, danser tout au long d'une prise unique.

(...)

La femme est le personnage principal dans l’œuvre d'Ophuls, la femme hyper féminine, victime de toutes les sortes d'hommes: militaires inflexibles, diplomates charmeurs, artistes tyranniques, jeunes garçons exaltés, etc. C'est parce qu'Ophuls ne traitait que des sujets éternels qu'on le disait inactuel, anachronique. Il montrait dans ses films la cruauté du plaisir, les drames de l'amour, les pièges du désir, il était le cinéaste du "triste lendemain que laisse le bal folâtre" (Victor Hugo)

(...)

Max Ophuls était pour quelques-uns d'entre nous le meilleur cinéaste français avec Jean Renoir, la perte est immense d'un artiste balzacien qui s'était fait l'avocat de ses héroïnes, le complice des femmes, notre cinéaste de chevet.

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