vendredi 15 février 2013

Blancanieves - Pablo Berger

Carmen n'est pas née sous un bonne étoile, sa mère meurt en couche, son père célèbre toréador est devenu tétraplégique après avoir été embroché par un taureau. Devenu veuf il épouse son infirmière... Carmen est elevée par sa grand mère maternelle, à la mort de cette dernière elle rejoint le domaine de son père et tombe entre les griffes de sa belle mère qui lui interdit l'accès à l'étage où son père totalement dépendant est cloitré... La vie est triste pour la jeune fille qui ne reçoit aucune éducation. Après la mort de son père avec qui elle avait su entrer en contact en grugeant sa démoniaque belle mère, elle fuit définitivement le domaine, l'amant de sa belle mère tente de la noyer, la laissant pour morte... La jeune fille est finalement recueillie par 7 nains toreador mais elle a perdu la mémoire, ils la nomment blancanieves...
Pas de doute c'est une version andalouse de Blanche Neige que nous propose Päblo Berger avec pour toile de fond la corrida et le flamenco. Filmé dans un superbe noir et blanc et en muet, le film est d'une poésie rare, nous rappelant que le nain fait partie de la cuture espagnole, difficile de ne pas penser au tableau de Velasquez "les menines".
C'est peut être là le plus grand mérite de "The artist" :avoir rouvert la porte du muet. A la suite de Michel Hazanivicius ,  du remarquable Tabou de Miguel Gomes, Pablo Berger revisite le célèbre conte des frères Grimm avec pour influence le Freaks de Ted Browning, le tout finissant dans un cirque où des êtres difformes sont exposés au regard du public... Film muet qui permet au cinéaste de forcer le trait physique de ces personnages sans les rendre ridicules, l'affreuse belle-mère et son style gothique en ait la parfaite illustration, le muet sied parfaitement au conte, il permet d'en conserver l'esprit originel, de jouer sur les peurs, d’exagérer les sentiments. Nous l'avions déjà constaté lors d'une représentation sur scène d'un Blanche Neige où Nicolas Liautard avait choisi de donner une représentation du conte en théâtre d'ombres sans aucune réplique, un spectacle dont nous gardons un grand souvenir.
Mais ce retour aux sources n'empêche en rien la modernité du propos, l'auteur ose donner à son héroïne un destin de grand toréador, difficilement imaginable dans l'Andalousie du siècle passé et le monde conservateur de la tauromachie. Sublime réussite !
Nous pourrions juste regretter de voir le genre du muet utilisé uniquement pour se replonger dans le passé, d'en faire l'expression d'une nostalgie.

Vu au MK2 Hautefeuille.

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