vendredi 8 février 2013

Wadjda - Haifaa Al Mansour

Wadjda, une fillette qui aime à se promener converses aux pieds, une manière de se distinguer dans un pays aux règles rigoristes, son ton de liberté fâche ses enseignantes... Sur le chemin de l'école, elle croise son voisin devenu son ami, il la suit en vélo... Le vélo devient pour elle un rêve qui semble impossible, difficile d'imaginer au royaume wahhabite une jeune fille déambulant dans les rues assise sur un deux roues...
Mais Wadjda n'est pas une fille comme les autres, obstinée, elle n'a qu'une idée obtenir son vélo... si elle semble avoir obtenu l'assentiment du commerçant, l'argent lui manque et sa mère refuse de l'aider. Ses petites combines ne lui permettent pas d'accéder à l'objet désiré, il ne lui reste plus qu'à participer à un concours de récitation du Coran...
Au dela du simple fait de sa nationalité saoudienne qui fait de cette production une curiosité, Wadja est avant tout un grand film... Dans une veine néo réaliste, il nous plonge à travers le regard d'une enfant dans la réalité des femmes   du royaume saoudien sans jamais dramatiser la situation. Victime d'un véritable "apartheid", elles sont élevées dès le plus jeune âge à l'écart des hommes, éducation reposant sur une bigoterie de bas niveau où l'on joue sur la peur de Satan, Wadjda n'est pas dupe ... Mariage forcé, accès interdit à l'éducation c'est un crime contre l'humanité qui se déroule dans un désert de sable et dans l' indifférence de l'opinion internationale. La pruderie ridicule finit par mettre le sexe au cœur du quotidien.
Mais toute tyrannie engendre sa propre résistance, incarnée ici par une jeune fille au caractère bien trempé,  elle assiste au départ de son père, parti épouser une deuxième femme, parce que la mère de Wadja devenue stérile après son premier accouchement ne pourra lui donner un fils. Une camarade de classe d'une dizaine année arrive un matin avec des photos d'un homme de vingt ans qu'elle vient d'épouser... Nous comprenons la révolte intérieure de la jeune fille qui regarde le monde avec gourmandise. Si obtenir des converses fut surement pour elle une première victoire, le vélo est devenu le but ultime de sa détermination. Elle trouve dans son voisin le plus sur allié, c'est à travers cette jeunesse que la cinéaste semble puiser une source d'optimisme pour les années à venir
Nous imaginons combien la réalisatrice a du être portée par la même détermination pour arriver à ses fins, son film n'est en rien une œuvre politique  mais par son ton de liberté, son sens du récit, sa chronique familiale touche à l'universel.... Il n'y a pas de doutes un jour les femmes seront libres en Arabie Saoudite.

Waad Mohammed est le nom de la jeune actrice, il mérite de ne pas être oublié.


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