jeudi 28 novembre 2013

N.N - Gyula Krudy

 

 La cigale nous faisait penser jusqu'à ce jour à la littérature de Marcel Pagnol, ou de Jean Giono voire aux fables de Jean de La Fontaine mais désormais à l'écoute de son chant il nous sera difficile de ne pas avoir des réminiscences de N.N le roman de Gyula Krudy, nous pourrions même être tentés de lui répondre en essayant d'imiter son chant si particulier.
N.N personnage central du roman, véritable double de l'auteur, a grandi dans la Hongrie orientale avant de partir vers la capitale Pest. Dix ans plus tard, il est de retour dans sa région natale, il découvre alors l'existence d'un fils... L'histoire est plutôt banale, ce qui l' est beaucoup moins, c'est la littérature de Krudy qui se révèle vite enivrante par son rapport unique à la nature, avec cette impression rare mais toujours espérée par le lecteur  de se retrouver après quelques lignes dans un autre monde, ici celui de la Mitteleuropa. Sensuelle, la poésie de Krudy nous permet de humer la campagne, d'entendre la musique de la Hongrie Orientale où les rêves et les fables font partie du quotidien. Ce qui donne un charme irrésistible à ce livre c'est sa liberté de ton, l'absence de tout préjugé... On y croise des tziganes, des juifs, on y fait l'amour librement, chaque rencontre est l'occasion de s'enrichir, de découvrir le monde. Fini durant l'hiver 1919 au moment même où l'empire austro-hongrois s'effondrait, ce livre n'a rien perdu de sa modernité. Il est finalement essentiel qu'il fasse sa réapparition sur les rayons des librairies au moment même où toutes les aigreurs semblent se réveiller car il reste une merveilleuse leçon de vie.
Nous sommes sous le charme de cette rencontre, de cette littérature sensuelle, humaine, il y a un coté dandy chez cet écrivain qui a pu nous évoquer les lectures anciennes des romans d'Albert Cossery, l'écrivain égyptien de Saint Germain des Près.
Gyula Krudy est l'enfant naturel d'un avocat issu de la petite noblesse et d'une servante qui n'ont pu se marier qu'après la naissance de leur septième enfant. Il fut l'écrivain favori de Sandor Marai qui déclarait avoir relu N.N tout au long de sa vie... Nous mêmes lorsque nous avions fini notre lecture, nous nous sommes surpris à relire les premiers chapitres.

N.N - Gyula Krudy édité dans une magnifique collection de poche - Ibiolya Virag La baconnière

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