vendredi 24 avril 2015

L627 (Bertand Tavernier) - Police (Maurice Pialat) - Polisse (Maiwenn)

L.627 est l'article du code de la Santé qui prohibait la consommation ainsi que le commerce de drogues, texte sur lequel s'appuie au quotidien la brigade des stupéfiants au cœur du film éponyme de Bertrand Tavernier  pour mener à bien sa mission.  Une fiction aux accents documentaires dont le scénario qui est la chronique de la vie quotdienne de la brigade a vu l'implication de Michel Alexandre, un ancien policier. Le cinéaste recrée la vie de la brigade, au quotidien, une mission essentielle confrontée à des situations rocambolesques dues au manque de moyens mais également au manque de motivation des hommes qui la composent, sauf quelques uns dont le héros "Lulu" passionné par son métier et qui est prêt à tout sacrifier pour aller au bout de ses enquêtes. Mais il est bien le seul à être à la hauteur de sa vocation...
Les films de Bertrand Tavernier vieillissent mal en général et celui-ci ne fait pas exception alors que nous en avions à l'origine un souvenir plutôt positif. Tout est poussif, il veut faire un cinéma vérité et tout sonne faux parce qu'il y a en permanence un discours moraliste sous-jacent qui plombe un film sans rythme où les personnages ne sont que des caricatures sans intérêt. Il fait de longs  plans fixes tel son maître John Ford, mais le problème est qu'il n'y a pas grand chose dans le cadre. Didier Bezace n'est pas John Wayne.  C'est même une certaine laideur qui se dégage  de ses plans, désagréable impression de voir un vieux téléfilm pas très inspiré. 
A vouloir s'écarter de toutes les conventions du film policier, Bertrand Tavernier signe un film militant mais au discours convenu. C'est d'un ennui total !
Bertrand Tavernier est un remarquable conteur de l'histoire du cinéma mais nous avons de gros doutes sur sa propre filmographie, nous n'avons jamais grand plaisir à revoir ses films.

Agacés, nous avons revu deux autres films policiers du cinéma français. 


"Police" de Maurice Pialat est un film qui nous plonge également dans le milieu de la drogue, où l'inspecteur Mangin cherche à démanteler un réseau de trafic de drogue organisé autour des frères Slimane. Dans un premier plan d'une rare intensité,  les flics interrogent un homme qui  finit par balancer des informations  permettant l'arrestation de Simon Slimane et de sa compagne Nora... Simon est placé en préventive , sa compagne est relâchée après une garde à vue plutôt éreintante. Les frères de Simon attendent de Nora fidélité et dévouement... Cette dernière est trop indépendante pour accepter cette mise sous tutelle. Elle veut mener sa vie librement, elle recroise Mangin dans la nuit parisienne, elle devient sa maitresse... tout se complique quand les frères Slimane découvrent que Nora leur a filé entre les doigts avec le magot de la famille
Pialat souligne à travers ce film les rapports troubles qui peuvent exister entre les policiers, avocats et bandits qui vivent dans une permanente proximité se retrouvant régulièrement dans les mêmes lieux au coeur de la nuit... son film est servi par des acteurs qui donnent le meilleur d'eux mêmes. Il filme merveilleusement Gérard Depardieu, parvenant à capter ses fêlures lui dont l'armure semble si solide. Derrière le flic implacable, se cache un homme fragile. Il est particulièrement touchant et émouvant face à Sophie Marceau  révélant ici tous ses talents de comédienne souvent perdus dans une filmographie particulièrement indigeste. Elle est  époustouflante, donnant toute sa complexité à un personnage touchant et énervant
Comme souvent chez Maurice Pialat, le tournage semble avoir été particulièrement compliqué et difficile. Sophie Marceau fut apparemment particulièrement meurtrie par le traitement qu'elle eut à subir durant tout le tournage de la part de cinéaste peu sensible à son statut de "star", elle refusa de faire la promotion du film.
Tout aussi réaliste que le film de Bertrand Tavernier, il se dégage une véritable intensité du film de Maurice Pialat dont les personnages ne sont jamais des caricatures, c'est un très grand film qui se regarde toujours avec le même plaisir notamment celui de retrouver Gérard Depardieu au sommet de son art.



"Polisse" de Maiwenn comme le  film de Bertrand Tavernier nous plonge dans le quotidien de policiers, ceux de la Brigade de Protection des mineurs. Un film particulièrement brillant par sa mise en scène, ici le but n'est pas de  résoudre une intrigue mais de transmettre une ambiance, la tension subie par ces flics face à  l'horreur et l'angoisse de ne pas parvenir à protéger des enfants . Mais dans le même temps c'est le risque insupportable de faire peser des soupçons dégueulasses sur un adulte innocent, de violer une intimité. Difficile de construire une vie de famille dans ces conditions, la vie de flic dévore tout. C'est construit avec une intelligence rare, Joey Starr est particulièrement impressionnant dans un rôle surprenant de flic. Servis par des dialogues toujours justes , tous les acteurs y sont formidables . Polisse est un film intelligent, sensible,  rempli d'humanité qui parle d'un sujet grave sans sombrer dans le gnangnan moraliste, tout l'inverse de L627.

Film vus dans le cadre du ciné club de Potzina consacré ce mois ci aux films policiers .

1 commentaire:

  1. L627, je l'ai vu il y a longtemps et je n'avais pas particulièrement accroché. Je me souviens avoir trouvé le temps long. Mon film préféré de Tavernier reste Le Juge et l'Assassin et le casting y est pour beaucoup.
    Je n'ai jamais vu Police de Pialat, il faudra que j'y remédie. Quant au Polisse de Maïwenn, je l'avais vu au ciné et il me hante encore.
    Merci pour cette belle participation les Carmadou !

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