vendredi 31 juillet 2015

Mrs Dalloway - Virginia Woolf


Chronique d'une journée de Mrs Dalloway, épouse d'un parlementaire conservateur anglais. Une journée particulière pour Clarissa Dalloway puisque le soir même, elle donne une grande réception à son domicile. Une journée rythmée par la sonnerie de Big Ben . Une journée dont la particularité est renforcée par la visite inopinée de Peter Walsh de retour des Indes après une absence de plusieurs années dont elle avait refusé jeune fille la demande en mariage. Une journée qui fait remonter les vieux souvenirs de ses jeunes années...
Portrait de Londres des années 20 où le passage d'un aéroplane dans le ciel est un événement qui fait lever à tous la tête pour s’émerveiller de l’objet volant qui stoppe le temps de son passage la vie de la cité. L'empire anglais est alors au summum de sa puissance, c'est la fin d'un monde celui du XIXème siècle  que la crise économique à venir va entrainer dans une nouvelle ère.Une ville traversée tel un zombie par Septimus Warren Smith, un ancien combattant qui ne se remet pas du traumatisme de la guerre où il a perdu son ami... Il a pour seul soutien sa femme qui le suit pas à pas, une jeune italienne rencontrée lors de sa campagne militaire, elle est désemparée si loin de l'idée qu'elle s'était imaginée de son mariage. Il fait le choix de se défenestrer lorsque un médecin vient le chercher pour l'interner. Ce dernier présent à la soirée de Mrs Dalloway, témoigne de la tragédie dont il fut le témoin... Clarissa est bouleversée par le choix de cet homme...
Merveilleux roman qui s'ouvre au petit matin lorsque Clarissa ouvre sa fenêtre et que la brise matinale la renvoie à ses jeunes années, une scène proustienne en ouverture qui donne le ton de ce récit... Où l'apparence de légèreté de Mrs Dalloway est contrebalancée par ses sombres pensées intimes :

"Pourtant, cela l'irritait de sentir remuer en elle ce monstre brutal; d'entendre les brindilles qui craquaient et de sentir les sabots bien plantés dans les profondeurs de cette forêt encombrée de feuilles, l'âme; de ne jamais connaître le contentement, ni la sécurité, car à tout moment, le monstre pouvait se réveiller, cette haine qui, surtout depuis sa maladie, avait le pouvoir de la hérisser, de lui faire mal jusqu'à la moelle; de lui infliger une douleur physique, de faire que tout le plaisir qu'elle pouvait prendre à la beauté, à l'amitié, au simple bien-être, au sentiment d'être aimée, et de rendre sa maison accueillante, oui de faire que tout cela pouvait vaciller, trembler, et ployer comme si en vérité, il s'agissait bien d'un monstre qui fouissait au milieu des racines, comme si toute la panoplie du contentement n'était que narcissisme! Cette haine!" 

Sublime texte, bouleversant où avec une délicatesse rare et une grande justesse l'auteur parle de la dépression alors que la médecine n'a pas encore pris toute la mesure de cette maladie, et nous pouvons mesurer connaissant la vie de Virginia Woolf combien ces lignes ont du puiser dans son intimité profonde et combien la question du suicide faisait partie de son quotidien. Pour autant la lecture n'est jamais angoissante et sombre, l'humour est présent à longueur de page, c'est peut être tout le génie de l'élégance anglaise.

Roman dans la merveilleuse traduction de Marie Claire Pasquier

jeudi 30 juillet 2015

Le chateau du Plessis-Bourré



Ce château du XV°siècle fut  construit en 5 ans dans un style dit de transition entre période médiévale et Renaissance pour Jean Bourré qui était le grand argentier du roi Louis XI. Deux rois, Louis XI et Charles VIII y ont séjourné. Son site dédié à la chasse n'était pas d'un grand intérêt stratégique, il ne fut jamais attaqué et même les révolutionnaires qui  l'ont pris d'assaut, ont su gardé une grande retenue. Il est donc dans un état de conservation plutôt remarquable pour son grand âge. Un plafond de vingt quatre caissons est particulièrement remarquable par ses peintures, certaines sont inspirées par l'alchimie, une passion de Jean Bourré, d'autres sont des scènes des proverbiales.
De par son excellent état de conservation, le château a attiré de nombreux cinéastes, ce qui n'est pas vraiment étonnant tant à sa première vision il a ce pouvoir à nous renvoyer aux histoires de princes et de princesses lues dans notre enfance. Pour le meilleur, Jacques Demy est venu y tourner de nombreuses scènes de Peau d'âne alors que pour le pire Bertrand Tavernier l'a choisi pour son adaptation ratée de La princesse de Montpensier. La légende veut que ce soit Catherine Deneuve qui ait utilisé la dernière, la chaise à porteur que l'on peut voir dans une des salles du château, non pas pour le film mais pour son bon plaisir.

Lors de notre visite nous avons eu le plaisir d'assister dans la chapelle aux vêpres chantées par des moines venus visiter le château depuis l’abbaye de Saint-Pierre de Solesme situé à Sablé sur Sarthe.
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mercredi 29 juillet 2015

Nantes




Il ne pleuvait pas ce jour à Nantes, mais c'est à Barbara que nous avons pensé en arrivant dans la grande cité de Loire Atlantique.  Barbara mais aussi à l'enfance de Jacques Demy dont Agnès Varda a tiré un film merveilleux, Jacquot de Nantes.
Nantes ce fut une découverte, et une heureuse découverte. Nous avons fait un long parcours après avoir découvert l'histoire de la cité au château des ducs de Bretagne. Une ville placée sous le patronage d'Anne de Bretagne, une femme forte, épouse de deux Rois de France qui fit don de son cœur à sa mort à la cité nantaise. C'est aussi une histoire sinistre et  tragique puisque Nantes fut une place forte de la traite des noirs, un commerce qui  fit la fortune de la ville , ce passé nauséabond fut longtemps occulté.
Nous avons pu découvrir une ville marquée par son passé royal comme peuvent en témoigner les différentes places, mais loin de s'être cloitrée dans son passé, elle a su se projeter avec audace dans l'avenir. Et si nous avons traversé évidement le passage de la Pommeraye, nous avons aimé découvrir l'ile nantaise qui a perdu son industrie mais qui a su rénover l'espace sans oublier son passé ouvrier. Le palais de Justice dessiné par Jean Nouvel à coté d'une école d'architecture ou des œuvres contemporaines de Daniel Buren et Patrick Bouchain.... démontrant la vitalité nouvelle d'un lieu où nous avons croisé un éléphant de bois géant et mobile qui enchantait les visiteurs. Les nombreux bars laissent imaginer une vie nocturne festive...

Nous avons aimé Nantes, pour la place laissée aux vélos, aux tramways, pour sa capacité à regarder son passé sombre, à rénover les anciens sites industriels, cette ville nous a fait pensé à Berlin... une ville où la qualité de vie est nous semble-t-il au cœur des préoccupations...nous ne sommes pas repartis le coeur chagrin

mardi 28 juillet 2015

L'abbaye de Fontevraud - Saumur



Créée en 1101 par Robert d'Arbrissel, un personnage pas banal qui mérite que l'on s’intéresse à sa biographie, l'abbaye de Fontevraud recevait en son sein des hommes et des femmes, elle était régie par la loi de Saint Benoit. La mixité des premiers temps faisant scandale, un mur de séparation sera très rapidement dressé pour garantir une séparation physique entre les hommes et les femmes. Il est donc plus juste de parler d'un monastère double plutôt que d'un monastère mixte.
Tout étonnant est d'apprendre que la direction générale est confiée à une abbesse, mais il convient de ne pas  qualifier pour autant, selon notre guide du jour, Robert d'Abrissel, de féministe éclairé. Le fait d'avoir à subir la gouvernance des femmes devait garantir le paradis aux hommes. Cela n'alla pas toujours sans problème malgré cette promesse d'une éternité joyeuse.
L'abbaye après avoir bénéficié de la protection du comte d'Anjou, obtient celle des Plantagenets, qui font de ce site sa nécropole. Reste à ce jour les gisants d'Henri II et de son épouse Aliénor d'Aquitaine. Cette dernière,  épouse du Roi de France Louis VII dit Louis le Pieux, vit son mariage cassé par le pape après qu'elle eut donné deux filles au Roi. Elle épousa ensuite secrètement dans la cathédrale de Poitiers Henri  Plantagenet, alors vassal du roi sans l'autorisation de ce dernier... Henri se chamailla très rapidement avec Louis VII, puis devient Roi d'Angleterre... Alienor d'Aquitaine lui donna huit enfants dont cinq fils. Parmi eux, Richard Coeur de Lion qui doit beaucoup à la légende de Robin des bois pour sa postérité et dont il reste également le gisant dans l'abbaye. Le quatrième gisant conservé est celui d'Isabelle d’Angoulême épouse de Jean Sans Terre, frère et successeur de Richard; elle fut la seule des quatre à mourir au sein même de l'abbaye où elle avait prononcé les vœux quelques  temps avant sa mort, après avoir mené une vie quelque peu tumultueuse.

Par la suite, l'abbaye fut sous la protection des Bourbons, elle fut notamment dirigée un temps par la sœur de La Montespan, maitresse du roi Louis XIV. La révolution eut raison du lieu.
Il est transforme par Napoléon en prison, qui très vite devient un lieu terrible du fait de la surpopulation carcérale. Au XIXème siècle , l'espérance de vie y était de huit mois. Jean Genet qui n'y a jamais été interné en fait une description terrible au début de son roman "Le miracle de la rose": « De toutes les centrales de France, Fontevrault est la plus troublante. C’est elle qui m’a donné la plus forte impression de détresse et de désolation, et je sais que les détenus qui ont connu d’autres prisons ont éprouvé, à l’entendre nommer même, une émotion, une souffrance, comparables aux miennes. »
Lieu d'internement pour des résistants dont certains  furent exécutés, la Prison fut fermée dans les années soixante, seuls restèrent quelques prisonniers chargés de faire disparaitre toutes les traces du passé carcéral de ces bâtiments, et de leur redonner leurs lustres passés.

Une visite impressionnante.

Nous avons fait un arrêt à Saumur avec ses rues piétonnes et ses enseignes que l'on retrouve à l'identique dans toutes les villes traversées. Le château et les activités équestres sont les principales attractions de cette cité, dont toute l'activité est tournée vers ce passé, se refusant toute audace architecturale si ce n'est de suspendre au dessus d'une rue commerçante des parapluies de couleurs, les constructions nouvelles sonnent faux. La ville n'a qu'un charme vieillissant à offrir. Elle n'a finalement jamais retrouver son lustre perdu après la révocation de  l'Edit de Nantes qui avait vu cette place forte du protestantisme perdre son élite.


lundi 27 juillet 2015

Le chateau d'Angers et les tentures de l'apocalypse.






Difficile de manquer le  château fort lorsqu'on traverse Angers, la préfecture du Maine et Loire. Monumental, il apparait comme une citadelle imprenable, dont la construction a débuté au XIII° siècle par la volonté de Louis IX qui y installa son frère Charles Ier de Sicile. Louis XI se réappropria le site à la mort du Roi René. Par la suite le lieu devient une prison et une garnison. Il ne fut ouvert au public en tant que Château qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale

 Il expose en son sein un chef d’œuvre du XII° siècle, les tapisseries de l'Apocalypse inspirées par le texte du nouveau testament,  l'Apocalypse selon Saint-Jean. Tentures monumentales du XIV° réalisées d'après des cartons de Jean de Bruges, c'est une commande de Louis Ier d'Anjou. Récit du texte de Saint Jean, la tenture s'inspire aussi du quotidien  de la guerre de cent ans ; nous retrouvons notamment nombre de paysans ou de soldats... Le royaume est alors en guerre contre le voisin anglais, les batailles font rages, les désastres sont réguliers. Il parait évident la résonance que pouvait alors avoir le texte de Saint Jean. Situés dans une salle obscure pour permettre une conservation idéale, on prend la mesure ou plutôt la démesure de l’œuvre.
S'il convient de prendre le temps de découvrir le charme des vieux quartiers d'Angers, c'est assurément pour les tapisseries de l'Apocalypse que la ville mérite un détour.

Notre curiosité nous a poussé à gouter une spécialité pâtissière locale, le pâté de prunes, découverte un peu par hasard chez la doréenne, une pâtisserie du centre ville.  Une heureuse découverte !


vendredi 24 juillet 2015

Les oiseaux - Alfred Hitchock

Si on nous avait demandé de citer nos Hitchcock favoris,  les oiseaux n'auraient pas figuré spontanément dans notre liste. Cela, c'était avant de le redécouvrir, pour la première fois dans une salle de cinéma dans une version restaurée qui révèle toute la beauté éclatante de ce film où le spectateur se laisse avec un plaisir suspect manipuler par le génial cinéaste anglais.
Histoire d'une petite ville balnéaire de Californie, Bodega Bay dont les habitants se retrouvent sous la menace des oiseaux qui, devenus soudainement  agressifs se regroupent en nombre avant de passer à l'attaque... Bourgade tranquille de bord de mer où vient d' arriver une inconnue, Melanie Daniels une sublime blonde, héritière d'un riche propriétaire de San Francisco qui a déjà eu l'occasion de faire des apparitions dans la presse à scandale... Elle y est venue déposer un couple d'inséparables, excuse pour renouer le lien avec un avocat Mitch Brenner croisé par hasard chez un oiselier de San Francisco.
Un jeu de séduction a poussé la jeune femme à trouver la destination de cet avocat qui semblait à en savoir beaucoup sur sa personne... Elle découvre qu'il rejoint gentiment sa maman et sa jeune sœur dont l'institutrice une jolie brune fut une amoureuse de Mitch, mais Mrs Brenner avait mis fin à l'idylle en maman castratrice...

La menace des oiseaux  sème le désordre, et oblige Melanie à rester plus longtemps que prévu ... Évidemment dans cette Amérique puritaine, la belle blonde est soupçonnée d'amener le désordre, le diable n'est jamais loin... Les attaques se font de plus en plus violentes faisant des morts parmi la population...

Le film n'a pas pris une ride, les plans ont gardé toute leur beauté, notamment ceux du village quand Melanie débarque au volant de sa grosse voiture. Tippi Heddren est absolument fascinante, diablement belle et quelque peu mystérieuse,  toutes les scènes partagées avec Rod Taylor sont d'une intensité rare ,  alors même que Rod Taylor est peut être le maillon faible de ce film. Hitchcock a souvent  tendance à transformer ses personnages masculins en "vieux beaux", ce qui passait très bien avec James Stewart ou Cary Grant dont le charme naturel  suffisait à masquer ce travers du cinéaste... Mais Rod Taylor n'a pas le même charisme... Le film a même pris une épaisseur nouvelle avec le temps, il est facile d'y voir une fable écologique où les oiseaux des mers victimes de hommes sonnent la révolte contre ceux qui massacrent leur domaine...

De l'humour, du sexe, de la peur et du suspens, une blonde,  tous les ingrédients sont là pour faire un grand Hitchcock, le cinéaste anglais excelle à faire des films populaires qui sont des chefs d’œuvre du septième art. Définitivement, "Les oiseaux" doivent être vus dans une salle de cinéma...

mardi 21 juillet 2015

Lacock




Lacock est un village typique du Wilshire où rien ne semble avoir bougé depuis des lustres. Il est organisé  autour d'une abbaye fondée par la comtesse de Salisbury au XIII°siècle , institution dissoute par le roi Henri VIII après sa fâcherie avec le pape. La demeure est alors vendue à la famille Talbot dont un des descendants fut un précurseur de la photographie inventant le calotype, principe permettant à partir d'un papier négatif de reproduire en plusieurs exemplaires une image positive, une véritable révolution du XIXème siècle. La dernière héritière de  la famille céda la prestigieuse demeure à la National trust  devenu également propriétaire du village.
Celui ci n'a quasiment plus bougé depuis la fin du XIXème siècle  et la disparition de l'activité du textile , c'est devenu un lieu parfait pour les tournages de film d'époque. Ainsi des épisodes de la série de la BBC consacrée aux romans de Jane Austen  y ont trouvé un cadre idéal. Des scènes de Harry Potter y furent également tournées, donnant à ce lieu un attrait particulier pour les fans du jeune sorcier, nous avons pu ainsi croiser quatre jeunes filles habillées en élèves de Poudlard, armées d'une baguette magique....

dimanche 19 juillet 2015

Persuasion - Jane Austen


Jane Austen - Musée Bath
Elizabeth, Anne et Mary sont les trois filles de Sir Elliot de Kellynch Hall, un baronnet installé dans le Sommerset. Trois filles c'est une malédiction pour ce petit noble devenu veuf qui se retrouve au début du roman dans l'obligation de louer son domaine à un riche amiral pour assainir ses finances choisissant de s'installer  à Bath la grande ville voisine où il espère retrouver une vie mondaine indispensable à sa vanité. Trois filles, trois mariages à envisager ...
Pour Mary, la situation avait été vite réglée, elle a épousé Charles Musgrove le fils d'un gentleman farmer voisin. Pour Elizabeth son ainée, le baronnet projetait de la marier à  William Walter Elliot son neveu, héritier de son titre. Mais ce dernier avait fait le choix d'épouser une femme de condition inférieure mais d'une fortune largement supérieure. Anne, elle était amoureuse de Frederik Wentworth, mais sous la pression notamment de lady Russel une amie de la famille elle avait repoussé la demande en mariage du jeune homme, officier de marine sans fortune et à l'avenir incertain. 
Huit ans plus tard, il réapparait fortune faite mais il ne semble plus avoir grand intérêt pour Anne préférant partager son temps avec les deux jeunes sœurs de Charles Musgrove. Par ailleurs, William Walter Elliot devenu veuf fait sa réapparition dans la famille et manifeste un vif intérêt pour Anne la plus charmante des trois sœurs... celle dont le lecteur souhaite le meilleur
Courageuse et lucide, elle est l'héroïne du roman. Si dans sa première partie, elle est une spectatrice subissant les caprices des ses sœurs, elle reprend son destin en main dans la deuxième partie.
Jane Austen ne fait pas dans la farce, mais sa plume d'une ironie acérée se révèle aussi efficace que celle de Molière pour dénoncer les ridicules de son temps.
Dernier roman de Jane Austen, Persuasion est un vrai délice, d'une finesse admirable ce roman dénonce les tartufferies de "la belle" société, celles-ci traversant le temps, le roman n'a rien perdu de sa saveur originelle. C'était "too bath" de lire Persuasion de Jane Austen du coté de Bath.

samedi 18 juillet 2015

Avebury

Dans la foulée de Stonehenge, nous sommes allés faire un tour du coté de Avebury découvrir un site du néolithique absolument exceptionnel qui attire tous les amateurs de paganisme et autres activités de  druides. Plus tard, un village s'est installé au cœur du lieu avec notamment un magnifique manoir du XVIème dont la visite permet de retrouver toutes les époques  des Tudor au début du XXème . La dernière pièce est  un salon art déco où nous entendons le discours de Chamberlain de septembre 39 qui annonce le début de la guerre ... A voir aussi un merveilleux jardin !

Définitivement le comté du Wilshire  se révèle une région aux nombreuses richesses !







Jean Lacouture (9 juin 1921 - 16 juillet 2015)


Il y a des gens qui ont un talent certain pour faire de leur nom une marque. Souvent présents dans les médias pour parler de sujets multiples et variés avec toujours un ton d'expert, sans savoir à la fin qui ils sont, journaliste, écrivain, historien, philosophe, universitaire... un vrai talent pour parler avec conviction.
Jean Lacouture était de ceux là, il pouvait causer littérature, histoire, politique, sport avec un ton convaincant... Dans ce genre là ce n'était pas le pire, peut être parce qu'il aimait amoureusement le rugby dont il parlait en expert...
R.I.P

vendredi 17 juillet 2015

Stonehenge , Landscape of England et une petite pint de bière - Voyage dans campagne anglaise !

 Ce matin découverte de Stonehenge (tout est dit en détail sur Wikipedia)  un lieu absolument fascinant. Malgré la foule tout est plutôt bien organisé pour que chacun puisse découvrir au mieux cet endroit mythique... 
Balade du jour dans la campagne anglaise aux charmes multiples, des paysages magnifiques, un cheval blanc mystérieux dessiné au flanc d'une colline crayeuse  du Wilshire et des pubs sur le bord de la route, impossible de mourir de soif au Royaume Uni !





jeudi 16 juillet 2015

Bath

Nous avons découvert Bath, belle cité du Somerset, un jour de fête, c'était aujourd'hui la remise de diplôme des étudiants de l’université de Bath, et nous avons pu les voir se promener joyeux dans les rues de la cité dans leurs costumes traditionnels.

Nous avons commencer la découverte de la ville par la visite des thermes qui donnent un aperçu de la présence romaine , lieu incontournable de la ville classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Un temple fut construit autour des sources chaudes véritable miracle naturel, les thermes se développèrent les siècles suivants. Le musée propose des vestiges rares de cette époque, il vaut largement le détour pour son témoignage de la présence romaine en Angleterre et la beauté des bains...

Puis après une pause dans un pub "Crystal palace"  du centre ville nous avons visité le centre Jane Austen, installé à quelques maisons de la réelle demeure où elle vécut après la mort de son père, dans une rue magnifique "gay street" bordée d’hôtels particuliers et qui se termine sur une place extraordinaire "the Circus". La visite  rend compte de la vie familiale de la grande écrivaine avec son père révérend, sa mère,  ses cinq frères et sa sœur Cassandra, ce qui nous permet de mesurer combien ce cadre fut pour elle une source d'inspiration inépuisable. Le musée joue parfaitement avec l'anecdotique l'auteur  anglaise connaissant un regain de  popularité ainsi il est possible d'enfiler des vêtements selon la mode du début du XIX ° siècle et de se prendre en photo dans un décor d'époque. La boutique a pensé à tout, même à fabriquer des autocollants "I Love DARCY" . Une statue en cire de grandeur nature permet de constater que la dame anglaise n'était pas seulement grande par son talent, mais aussi par la taille, une belle femme mais le mariage était alors une affaire compliquée... Ce fut un plaisir immense de marcher dans les pas de cette magnifique écrivain, à la plume si raffinée qui savait user d'une douce ironie  avec une subtilité rare pour dénoncer les conventions sociales...



Nous avons terminé notre ballade à Royal Crescent que l'on peut admirer, le temps d'une pause  sur une splendide pelouse anglaise.

mardi 14 juillet 2015

Portsmouth


Nous avons débarqué à Portsmouth, mais nous n'avons rien vu de cette cité. Nous avons filé sur notre gauche, on the road. Impossible de traverser Portsmouth sans avoir une pensée pour la géniale Françoiz Breut...





lundi 13 juillet 2015

A contre-voie - Edward W.Said


Né à Jérusalem en 1935 dans une famille palestinienne d’origine chrétienne, Edward W.Said fut  une voix majeure de la cause palestinienne alors qu'il était devenu un professeur respecté de littérature comparée de l'université américaine de Columbia. Atteint d'une leucémie, il se lance dans la rédaction de ses mémoires, où il revient sur ses jeunes années... Il meurt en 2003 il avait alors 67 ans
Palestinien mais aussi américain grâce à son père. En 191, ce dernier a décidé de partir vers l'Amérique  pour échapper à l'enrôlement de force dans les troupes ottomanes engagées alors dans un énième conflit dans les Balkans. Le père d' Edward W.Said organise sa nouvelle vie en prenant des petits boulots, avant de s'engager dans l'armée américaine et partir combattre dans les tranchées en Europe. Un engagement qui lui valut d'obtenir la nationalité américaine... 
Après avoir monté une entreprise de peinture aux Etats Unis, très vite il retourne en Palestine puis s'installe au Caire où avec un sens indéniable des affaires il dirige une société prospère de commerce lui assurant un train de vie confortable. Il épouse Hilda une femme d'origine libanaise de Nazareth bien plus jeune que lui. Hilda retourne à Jérusalem pour accoucher de son deuxième enfant Edward, le couple était peu confiant dans les Hôpitaux du Caire où elle avait perdu un premier enfant . Trois sœurs viendront à sa suite...
Le récit de la jeunesse d'Edward, partagée entre la capitale égyptienne et le Liban où il se rend chaque été, est la description d'un monde aujourd'hui disparu où les différentes communautés vivaient dans une atmosphère plutôt détendue. Juifs, Arméniens, Chrétiens... Le Caire est alors une métropole cosmopolite où la présence anglaise est importante. Edward fait d'ailleurs son éducation dans les écoles britanniques avant de partir continuer ses études aux Etats Unis.  Son père est une figure imposante, il peut être dur avec son fils à cette époque où personne n'est vraiment choqué par les brimades physiques, sa mère est aimante et toujours proche de son fils. Son coté rêveur lui créé bien des soucis à l'école où les professeurs sont rarement exaltants, l'enseignement est plutôt ennuyeux. Pour l'anecdote, il croise au cours de ces années celui qui deviendra Omar Sharif et qui aimait alors jouer les caïds dans la cour d'école...
Deux événements vont venir perturber cet ordre familial harmonieux. La guerre de 1948 perdue par les pays arabes contre le nouvel Etat Israël entraine la perte de la maison familiale de Jérusalem et  ses parents doivent prendre en charge de nombreux cousins.. Puis en 1952 le roi Farouk personnage absolument indigent est renversé par de jeunes colonels de l'armée égyptienne, l’avènement de Nasser crée un réel enthousiasme dans le monde arabe, mais déclenche aussi des tensions entre les communautés musulmanes et chrétiennes, notamment au Liban. Le père d'Edward voit sa situation se compliquer par la miseen place d'un ordre socialiste peu favorable aux étrangers installés au Caire. D'ailleurs pour arriver à ses fins et tenter de sauver l'essentiel,  il utilise son fils comme prête nom pour contourner les nouvelles lois restrictives, découvert Edward ne peut plus revenir pendant des années sur le territoire égyptien.
C'est une lecture passionnante qui voit un monde qui avait su trouver un certain équilibre basculer dans des années de tensions et de haines dont la guerre civile du Liban fut le premier signal. Haines qui ne cessent de s'exacerber et dont il ne semble n'exister aucune issue autre que tragique, ce qui rend la lecture mélancolique.

Nous avons lu ce livre remarquable dans la prévision d'un spectacle les optimistes auquel nous assisterons  la prochaine saison au Théâtre Jean Arp.

dimanche 12 juillet 2015

Microbe et Gasoil - Michel Gondry

Une classe de quatrième, Daniel est un des plus petits de sa classe, les cheveux longs il est souvent pris pour une fille. Surnommé Microbe, le dessin est sa passion, et le dessin érotique son jardin secret. Théo rejoint la classe en cours d'année, fils d'un brocanteur, il passe son temps les mains dans le cambouis à réparer le moteur de la vieille voiture de son père. L'odeur d'essence qui l'accompagne partout , lui vaut le surnom de Gasoil. Habillé de vêtements de récupération, il se distingue de ses collègues de classe venus de la bourgeoisie versaillaise, il est mis au ban.
Microbe et Gasoil vont immédiatement s'entendre, et former le projet  de passer les vacances ensemble, loin de leur environnement familial pesant, en créant un véhicule improbable, une maison roulante à partir d'un moteur d'une tondeuse à gazon. Leur objectif est de rejoindre le Massif central où Gasoil a des souvenirs émus de colonies de vacances... mais finalement c'est le Morvan qui finit par être leur nouvelle destination .... Ils prennent la route c'est le début des aventures.
Un film rempli de tendresse à classer dans les grands films de l’adolescence dans la lignée de Diabolo menthe la pépite de Diane Kurys. Les deux gamins restent peu enclins aux passions de leurs temps, bien loin du monde numérique dont ils sont totalement étrangers, et l'iphone confié par le grand frère de Daniel ne fait pas long feu durant leur périple. Une forme d'utopie joviale interrompue par l'intervention de la  gendarmerie qui détruit la géniale invention des deux gamins, peu judicieusement  installée à coté d'un camp de roms. Michel Gondry filme parfaitement les adolescents, comme nous l'avions précédemment vu dans "the we and the I" et nous comprenons à travers ce film surement à la fibre autobiographique, la passion de l'auteur pour le roman de Boris Vian "l'écume des jours" dont la récente adaptation fut un cruel échec.Le cinéma est magique il permet à l'auteur de réaliser ses rêves d'adolescent.

samedi 11 juillet 2015

Love & Mercy - Bill Pohlad

Histoire terrible de Brian Wilson, génial compositeur des Beach Boys, tombé sous la coupe d'un psychiatre qui le gave de médicaments et l'a complétement coupé de son environnement familial. Son salut vient d'une vendeuse de voitures rencontrée par hasard et avec laquelle il va sympathiser. Elle finit par trouver la preuve permettant au génial musicien de retrouver son indépendance et de renouer les liens avec ses proches.
Magnifique Biopic qui par un montage génial nous promène entre deux périodes.Celle où le compositeur refuse de suivre se frères pour une tournée au Japon paniqué à l'idée de partir en avion, préférant rester seul pour se lancer dans la production d'un nouvel album Pet Sounds, un sommet inégalable de la musique pop qui va modifier le paysage musical de la fin des années soixante et stimuler l'inventivité des Beatles qui sortiront quelques mois plus tard  le Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band ...Puis  celle où il est sous l'influence néfaste du psychiatre qui l'avait en charge alors qu'il sombrait dans une dépression profonde restant ses journées allongé sur son lit sans bouger.
Il est touchant de le découvrir jeune homme , hanté par son père qui n'a cessé de le tabasser alors qu'il était gamin, une gifle lui ayant fait quasiment perdre l’ouïe d'une oreille. Brian Wilson est un homme ultra sensible totalement dévoué à sa musique qu'il compose et entend dans sa tête et qu'il va rechercher avec une précision non négociable à retranscrire en studio. Pour l'enregistrement de Pet Sounds, il engage les musiciens de Phil Spector, ces derniers impressionnés par sa virtuosité et son génie lui sont totalement dévoués, touchés par sa sensibilité....
Plus compliqué est sa relation avec son cousin qui ne comprend pas sa démarche qui l'éloigne de ses premiers hits qui leur valurent un indéniable succès commercial.  Brian Wilson après avoir voulu dépasser Phil Spector, se situe dans une relation de concurrence avec les plus grands, Pet Sounds est une réponse au Rubber Soul des Beatles, un chef d’œuvre de la musique pop . Une pression qu'il s'impose et qui va développer son coté paranoïaque.
Alors qu'il est en train de composer son nouveau projet "Smile", Brian Wilson est de plus en plus délirant, incontrôlable,  il se raconte que Paul Mac Cartney lui a rendu visite et lui  a parle$é du futur album des Beatles dont il lui a joué un titre au piano, She's leaving home". Brian Wilson est terrassé par cette écoute...La consommation du LSD ne va pas aider Brian Wilson, il développe des tendances paranoïaques, devenant de plus en plus ingérable avant de sombrer dans une terrible dépression et le livrer à l’âme noire d'un psychiatre qui parvient à l'aider à se lever de son lit mais mais pour mettre la main sur son existence et ses biens.
Le compositeur est interprété alternativement par Paul Dano et John Cusak selon les périodes, ils sont tous deux formidables, précis dans leurs gestes pour ne jamais faire sombrer le musicien dans la caricature.


Love & Mercy est un film remarquable !

vendredi 10 juillet 2015

Omar Sharif (10 avril 1932 - 10 juillet 2015)



Lawrence d'Arabie, Docteur Jivago, la passion du jeu, c'est notre tiercé de souvenirs sur Omar Sharif l'acteur égyptien qui avait conscience qu'on ne pouvait pas toujours gagner. C'est aussi le  souvenir cocasse d'avoir entendu  dans une cours d'école , une maitresse appeler deux frères , l'un prénommé Omar et l'autre Sharif...

L'homme de Kiev - Bernard Malamud

Yako Bok, abandonné par sa femme Raisl a décidé de quitter son Shetl où il semble condamné à  une vie de misère . Il souhaite rejoindre la grande ville Kiev où il espère trouver du travail comme réparateur en tout genre ... Il rencontre par hasard un homme ivre étendu dans la neige. Yalkov lui vient en aide bien que ce dernier porte le costume des cents noirs, une milice antisémite... Il ramène l'homme à son domicile  lui évitant la mort dans le froid. En remerciement ,Yakov est engagé pour faire des travaux, l'ivrogne antisémite Nikolai Maximovitch n'a pas su voir le juif dans son sauveur. Particulièrement impressionné par son travail, il engage Yalkov comme gérant d'une briqueterie dont il sait que les ouvriers le volent.
Un vrai miracle pour Yakov qui est logé dans l'usine dans un quartier interdit au juif...Tout bascule quand un enfant est retrouvé mort assassiné au moment de la pâque juive, une campagne antisémite se déchaine autour d'une vieille croyance immonde de juifs sacrifiant des enfants chrétiens pour recueillir leur sang utilisé à la fabrication du matsvot... Yakov est repéré et vite soupçonné, sa vie bascule dans l'enfer, emprisonné il subit de multiples pressions pour qu'il avoue le crime mais il s'y refuse...  il lui faut tenir jusqu'au procès public sans cesse retardé pour espérer faire tomber une accusation sans fondement crédible.
Quelle belle idée de rééditer ce roman impressionnant de Bernard Malamud, un romancier adulé par Philip Roth. Inspiré par l'affaire Belis, Bernard Malamud nous montre combien l’antisémitisme est ancré en Ukraine au début du XXème  siècle entretenu par l'Eglise Orthodoxe et de détestables milices mais aussi le pouvoir de Nicolas 2 qui joue avec les peurs de son peuple pour mieux assoir son pouvoir.Le juif est un parfait bouc émissaire... Les nazis n'auront aucun mal quelques années plus à trouver des acolytes  ukrainiens pour mener à bien leur génocide .
Ce livre est aussi la description de la machine judiciaire d'un état totalitaire aux ordres d'une opinion publique guidée par les médias aux ordres du pouvoir dont le fonctionnement annonce les procès staliniens.
Ecrit dans les années 60, peu après la période du maccarthysme, ce roman est d'une force incroyable, impossible de s'en détacher malgré l'horreur qu'il décrit.  Un chef d'oeuvre !

jeudi 9 juillet 2015

Fabrice Humbert - Eden Utopie

Madeleine Arlicot et Sarah Courcelles sont cousines germaines, mais à la mort de la mère de Madeleine, elles vont grandir ensemble comme deux sœurs... Sarah épouse par la suite un ingénieur issu de Centrale André Coutris, alors que Madeleine fait un mariage plus modeste avec Gabriel Valin alcoolique et violent avec qui elle a trois enfants. Emporté par une crise de Phtisie, Gabriel meurt rapidement, Madeleine n'a plus les moyens de faire face, ne pouvant plus subvenir à leurs besoins elle doit abandonner ses trois enfants.
Par la suite Madeleine se remarie avec André Meslé, plombier chauffagiste dont elle a deux enfants dont Danièle la mère de Fabrice Humbert...
Deux cousines aux trajectoires sociales inverses,  pour autant elles ne cesseront de se voir au quotidien , de se fréquenter notamment grâce à André Coutris qui a crée un lieu de rencontre au lendemain de la seconde Guerre mondiale, la Fraternité où la communauté protestante de Clamart a pris l'habitude de se retrouver.
André Coutris avec deux amis Emmanuel Rochefort et Daniel Jospin le père de Lionel décident de construire un lieu jouxtant le temple protestant où tous pourront se retrouver, les connaissances de André sont précieuses pour la construction . Les familles se retrouvent chaque dimanche, ils vont traverser les années, à voir grandir les enfants qui découvrent les joies de la vie en communauté, un lieu de vie qui se veut idyllique un eden, dans  l'espoir d'un avenir pacifié et harmonieux, une utopie... Des années plus tard,  les petits enfants d'André Coutis sans doute marqués par la tradition communautaire s'engagent après mai 68 au coté des mouvements d’extrême Gauche , parmi eux , Elise croise la route d'Action directe ce qui l'amène un temps en prison...

Histoire d'une famille ancrée dans la communauté protestante où l'on doit se tenir, ne pas s'apitoyer sur son sort, garder une forme de réserve et où le livre est sacré. Ce livre de Fabrice Humbert nous a passionné. Il nous fait découvrir un pan de l'histoire de notre cité d'adoption, nous sommes d'ailleurs sorti à la rencontre des lieux décrits.Surtout ce livre nous plonge dans  l'histoire de ces cinquante dernières années par le portrait de famille dans laquelle chacun peut retrouver une part de ses propres souvenirs.  
Nous avons découvert cette communauté protestante discrète qui existe toujours lors d'une rencontre organisée avec l'écrivain et nous avons pu alors mesurer l'importance de ce lieu "la fraternité" qui garde toujours son dynamisme....Un livre passionnant, une écriture fluide qui ne nous perd jamais dans cette famille française aux branches multiples où chaque génération a finalement eu l'ambition avec plus ou moins de bonheur de créer un monde harmonieux, Eden Utopie un beau programme !


mardi 7 juillet 2015

Comme un avion - Bruno Podalydes

La tentation est grande finalement de tout quitter, s'embarquer sur nos rivières à bord d'un kayak et redécouvrir la beauté de nos campagnes, loin de tous les tracas de la vie citadine. Michel la cinquantaine a une passion ancienne pour les aviateurs de l'aérospatiale, il enfourche son scooter il devient Mermoz.... Un beau jour, peu de temps après avoir fêté son anniversaire c'est en cherchant avec ses collègues de travail des palindromes que cela fait tilt dans sa tête lorsque le mot Kayak surgit d'une recherche sur Google.... Cette embarcation n'est pas sans lui rappeler la carlingue de ses héros de l’aérospatiale, voila que notre homme se rêve en explorateur aventurier... En trois clics, il commande tout le matériel, et finit par révéler à son épouse son besoin d'évasion. Descendre une rivière, rejoindre un fleuve pour aller jusqu"à la mer, projet ambitieux... Mais notre homme se révèle plutôt modeste dans ses exploits, il fait rapidement une rencontre heureuse, d'une maison tenue par une veuve , un lieu avec ses personnages improbables qui vit à son propre rythme , où l'absinthe coule toujours, une sorte de maison bleue parfaite pour guérir des blessures de la vie...
Une douce comédie, légère, une alternative à notre société de consommation, où Agnes Jaoui est belle comme un Renoir...Cette comédie de Bruno Podalydes est une parfaite réussite, peut être la plus belle pépite de sa filmographie. Il faut dire qu'il a su embarquer dans cette épisode Sandrine Kiberlain toujours aussi lumineuse, un vrai porte bonheur. Puis il y a aussi Vimala Pons, la jeune fille du 14 juillet que nous avons eu plaisir à revoir...
Un film d'une fraicheur réjouissante !

samedi 4 juillet 2015

Le prince de Hombourg - Marco Bellochio

Le prince de Hombourg est pris d'une crise de somnambulisme à la veille d'une bataille capitale contre les troupes suédoises... A son réveil, il trouve un gant d'une jeune femme. Perturbé par cette découverte, il rejoint les troupes pour prendre les ordres avant la bataille.
Le grand électeur rappelle au Prince de Hombourg particulièrement distrait pendant la conférence,  la nécessité d'attendre le signal de départ avant de s'engager sur le champ de bataille...ce dernier découvre alors que le gant trouvé est celui de Natalia son amour.   De ne pas en faire qu' à sa tête comme lors des deux précédentes batailles ce  qui amena la défaite...
Exalté dés que l'action se précise, le Prince est incapable de se retenir et envoie ses hommes à sa suite avant même le signal... un engagement qui va permettre aux troupes du grand électeur de remporter cette fois  la victoire. Mais le chef se refuse de faire du Prince  désobéissant un héros, il le fait traduire devant une cour martiale qui le condamne à mort...mais Natalia souhaite obtenir la grâce pour sauver son amour...
Présenté au festival de Cannes de 1997, le film de Marco Bellochio n'avait jamais été distribué en France. Nous ne pouvons que  nous en étonner, cette adaptation est absolument merveilleuse et captivante. Filmée en gros plan  au plus prés des acteurs avec une économie de moyen, c'est une adaptation réussite de la dernière pièce de Heinrich Von Kleist qui rend parfaitement compte de son romantisme et de sa quête d'absolue.

Chronique d'un été - Edgar Morin et Jean Rouch

Eté 1960, Edgar Morin et Jean Rouch décident de faire un film sur les Français, mais ils souhaitent également réfléchir sur le documentaire et savoir s'il peut exister un cinéma vérité en s'interrogeant sur la capacité des individus à garder leur sincérité face à la caméra. Ils passent de Paris à Saint-Tropez , sans oublier d'aller faire un tour à Saint Jean de Luz et les arènes voisines de San Sebastien, le temps d'une corrida...
Le film commence sur une séquence simple où les gens sont interrogés dans la rue : "Etes-vous heureux?" Puis le film se resserre sur des personnages venus de divers horizons, des étudiants dont Régis Debray, des ouvriers de chez Renault, de jeunes couples, une cover girl à Saint Tropez, un africain installé récemment en France. Les thèmes abordées sont variés:  l'amour, le travail, les loisirs, la culture, le racisme....
Une film passionnant qui n'a rien perdu de sa fraicheur, Jean Rouch est plutôt joyeux, Edgar Morin dans un style plus universitaire. Nous avons cette impression agréable que le film se fait devant nous, que rien n'est écrit. La France est alors dans une situation de plein emploi avec une classe ouvrière présente à la voix forte. Les usines ont une vraie présence sur le territoire comme les usines Renault à Boulogne Billancourt, elles sont aussi un lieu de réflexion. Cette période pourrait être totalement joyeuse et propice au bonheur, mais en arrière fond il reste la question algérienne qui pèse sur les épaules des jeunes gens peu enclins à vouloir rejoindre les rangs de l'armée française...
Inspirateur du cinéma de la nouvelle vague, Jean Rouch réinvente le cinéma documentaire, notamment par les procédés techniques et le développement de caméras légères qui permettent d'enregistrer en direct le son... Il y a dans ce film de merveilleuses séquences de cinéma et d'émotions, nous pensons notamment aux plans filmés dans les usines Renault montrant des ouvriers au travail ou encore le témoignage poignant de Marceline Loridan sur son expérience des camps d'extermination , filmée sur la place de la Concorde.
"Nuits et Brouillard" d'Alain Resnais avait révélé en 1956 la réalité de l'horreur des camps de concentration et d'extermination nazis. Pour autant le sujet reste sous silence, ce témoignage direct , le témoignage de Marceline Loridan est un des premiers à avoir été filmé.

Vu au cinéma l'Arlequin, Chronique d'un été est un film rare sur la jeunesse française du début des années 60, il renouvelle le cinéma documentaire, les réalisateurs ne sont pas dupes du jeu des intervenants devant la caméra, mais ce jeu n’empêche pas à la vérité d'une époque d'éclore et de laisser  pressentir les germes d'un mois de mai à venir. Superbe !

vendredi 3 juillet 2015

Les mille et une nuits - Miguel Gomes

Au Portugal, un cinéaste se lance dans un film documentaire dans lequel il souhaite traiter deux sujets: la fermeture d'un chantier de construction navale et la disparition des abeilles. Finalement découragé par son projet ambitieux, il préfère quitter le tournage laissant les rênes à sa première assistante Shéhérazade...
Cette dernière a la dure mission de ne pas ennuyer le roi en lui contant les malheurs du Portugal et de ses habitants.
Dure gageure, tant ce pays  souffre de la cure d'amaigrissement imposée par le gouvernement qui sous la pression a fait le choix de l'appauvrissement de sa population pour satisfaire les contraintes du monde libéral, allant même parfois au-delà des recommandations imposées.
Chômage, baisse de revenus... c'est en reprenant le principe des contes des milles et une nuit que Miguel Gomes dresse un tableau de ce beau pays meurtri où les hommes politiques sont renvoyés à leur propre lâcheté ou leur impuissance ... la partie "les hommes qui bandent" est à ce titre plutôt jubilatoire
Documentaires et fictions se mélangent, ce film cocasse, picaresque, surprend, déroute parfois mais jamais ne laisse indifférent. Décomposé en plusieurs parties, il est cependant inégal, nous sommes passés de l'ennui à la surprise, nous resterons marqués par le portrait des magnifiques, trois victimes de la crise confrontées au chômage et à la misère venus témoigner de leur quotidien....
On pense au cinéma de Pasolini, à celui de Godard, voire aussi à Agnes Varda et ses glaneurs. Miguel Gomes réalise ici le cinéma rêvé de mai 68 où le cinéaste s'empare de la question sociale sans renoncer  pour autant à l'art du récit.
Après le merveilleux et étonnant Tabou, Miguel Gomes s'installe définitivement dans le paysage cinématographique contemporain.

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